mardi 10 juin 2008

Le kraton et le pasar burung

Pour bien situé cette 2ème partie de la matinée le " kraton " est le palais du Sultan et le " pasar burung " le marché aux oiseaux.



" Quand votre princesse Mathilde viendra-t-elle nous dire bonjour ? Depuis votre roi Baudouin en 1974 plus aucun dignitaire belge n’est venu rendre visite à notre sultan ! ". C’est ainsi que ce vendredi à 10h30, le guide du sultan nous accueille.
Auparavant, j’avais acheté un chapeau pour m’entendre dire 5 minutes plus tard que le port d'un couvre-chef dans l’enceinte du palais est interdit... une marque de respect.
Ce guide, employé à vie (ils sont plus de 800 au service du sultan), possède une connaissance du français assez extraordinaire. Je le soupçonne d’être un grand admirateur de Raymond Devos et d’avoir séjourné dans un pays francophone. L’estime pour l’humour de Devos est réelle, mais il me dit avoir appris le français à travers les journaux. Ce dont je doute. Sa prononciation est impeccable. Il me rétorque n’avoir jamais quitté Yogyakarta. Nous en resterons là !

Tous les bâtiments du palais sont à un étage et à demi masqués par des avant-toits. Sur la gauche en entrant, un pavillon est réservé à une école de gamelan. Disons un ensemble de musiciens, parfois plus de 70, constitué exclusivement d'instruments à percussion (gamel signifie marteler).
On peut le remarquer sur les photos, peu de jeunes. Comme chez nous les traditions se perdent et le sultan met ce pavillon à la disposition des écoles de gamelan.

N'entrons pas plus avant dans un prospectus touristique concernant le kraton. D'après notre guide, le sultan possède toujours une autorité morale et administrative sur la région de Yogyakarta, mais il vit dans une villa moderne construite à l'arrière du palais, il se promène en Mercedes dans un costume Hugo Boss. Il travaille dans une banque. Par contre pour les sorties lors des fêtes -dont certaines sont d'origine préislamique — le protocole est toujours strictement respecté.

Les commentaires de notre guide restent passionnants. Il mélange allègrement les explications historiques à propos du kiosque à musique, des écuries royales, de la cour Sri Manganti ou encore du Proboyekso (bâtiment central) et des prises de positions philosophiques au sujet de la vie javanaise. L'index et le majeur levé en forme de V ne signifient en rien un signe de victoire, mais le chiffre deux. Deux pour deux enfants le nombre suggéré par le vaste programme de contrôle des naissances du gouvernement indonésien. C'est lui aussi qui nous dira que les Javanais sont très respectueux de la femme. S'ils sont musulmans, ils ne sont pas Arabes et ne font pas marcher leur femme voilée 5 mètres derrière eux.



Le temps de midi est là et mon estomac reste fragile. Helmi nous emmène dans un infâme boui-boui. À la carte du poulet, uniquement du poulet décliné en cuisson normale ou grillé. Sur la table en guise de toasts un plats de pattes (pas de cuisses), de crêtes, de pourtours de becs grillés... de poulets ! Nos deux Javanais s'en donnent à cœur joie. J'en ai la nausée au bord des lèvres. Je finirai par grignoter un morceau de blanc de poulet grillé et quelques bouchées de riz nature, les sauces piments proposées ne passent pas le palais d'un Européen. La main gauche sur une boîte de Motilium Instant, l'œil sur la porte des toilettes, nous arrivons tout doucement à la fin de ce repas. La bouteille de thé, normalement glacé, mais tiède fait passer le tout. Je me sens d'attaque pour le programme de l'après-midi.

À midi, le marché aux oiseaux est calme, on ne s'y bouscule pas. On y découvre pas que des volatiles, à côté de magnifiques coqs de combat, des iguanes, des sauterelles y trouvent leur place et aussi des chauves-souris. Des chauves-souris parce que dans certains milieux, elles se mangent. C'est paraît-il un met particulièrement apprécié.

Dans la foulée, style visite à la japonaise, nous avons fait un saut aux ateliers de batik. Le batik est un tissu imprimé par un procédé de cire et de teintures, c'est un des arts majeurs de Java. Dans le premier, atelier de batik sur toile, Christine a pu s'essayer à la peinture, mais ce n'était pas évident. Ce qui était cousu de fil blanc, c'était le désir de vendre une toile un peu kitch au premier touriste venu. Le second, beaucoup plus couleur locale nous montrait le travail d'impression sur les tissus destinés à l'industrie vestimentaire. Les conditions de travail sont déplorables et on n'hésite pas à mettre des enfants au travail.

Pour combler la dernière demi-heure avant de prendre la direction de notre hôtel dans le parc du Borobudur, Helmi nous emmène au fond d'une ruelle qui débouche sur une place fermée. Il nous dit que nous sommes les premiers touristes à venir ici. Sur la place, sèchent au soleil des chips artisanaux. Nous visitons le hangar où des gosses et des adolescents produisent, à base d'une pâte liquide parfumée à différents ingrédients, des chips ! L'entreprise est florissante et les conditions d'hygiène désastreuses.
Le désir des gosses est de me faire goûter... et encore goûter ! Ce jour-là, l'arôme des chips est aux crevettes. Tous se marrent de la tête du "bule" européen. Les nausées me reprennent et je bourre mes poches de morceaux de chips inachevés.

Je reprends mes esprits lors du trajet vers notre hôtel dans les magnifiques paysages ruraux que nous traversons. Les alentours de Yogyakarta ne sont pas exclusivement réservés aux rizières. On y découvre des cultures de café, de cacao et de manioc. Christine prend avec émotion une photo d'un plant de manioc, en souvenir de ses terres natales d'Afrique. Nous arriverons à l'hôtel un quart d'heure avant la nuit. Le magnifique parc du Borobudur nous le découvrirons plus en détail au lever du jour.

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