mercredi 11 juin 2008

De Yogya à Solo

Se faire véhiculer par un chauffeur personnel en Indonésie comporte de nombreux avantages : on y conduit à gauche, le Code de la route y est respecté de manière aléatoire, les priorités se prennent à l'influence, le pilotage y est speedé, sans compter la présence d'un nombre impressionnant de deux roues. De nombreux avantages et pour moi un inconvénient, celui de ne pas visualiser le trajet effectué, de ne pas voir sur une carte mon point de départ et d'arrivée, de ne pas pouvoir me dire "ah, c'est là qu'on s'est arrêté pour diner", bref de ne pas préparer mon itinéraire. Avoir un chauffeur, c'est lui laisser l'initiative du parcours, c'est s'abandonner, c'est se laisser aller. Aujourd'hui, il est prévu une balade en dokar à travers villages et campagnes et je suis incapable de situer l'endroit entre Yogya et Solo où nous nous sommes arrêtés.

Peu importe. Ces villages, entre 8 000 et 10 000 habitants, dispersés en lots de quelques dizaines de maisons sur plus d'une centaine de km² sont loin du pouvoir central. Ils sont organisés, si j'ai bien compris, pour vendre leur production en collectivité, les responsables sont des élus locaux qui n'ont des comptes à rendre que sur la bonne gestion des villages.

Helmi avait dit de nous approvisionner en bonbons à distribuer aux enfants qui allaient nous suivre durant la balade. Le tamtam a fonctionné très vite. Cinq minutes plus tard, ils étaient plus d'une dizaine à nous suivre en courant. La distribution des friandises battait son plein à chaque arrêt du dokar. Inutile de vous dire que plus on s'enfonce dans les campagnes, plus les conditions de vie nous semblent pénibles. Nous croisons une vieille dame écrasée sous le poids de sa charge un seau à la main, le sol des maisons est en terre battue et au détour d'un chemin un habitan
t attend notre arrivée avec impatience. Il veut nous montrer son habileté à grimper au sommet d'un cocotier, d'y cueillir une noix et de nous faire gouter l'eau de coco. Je sais, cela fait très carte postale, mais je me prête facilement au jeu sachant que les quelques roupies que je vais lui donner en matabiche ne me coutent rien et que cela améliorera sensiblement le quotidien de sa famille pour les prochains jours. De plus, l'eau légèrement sucrée de cette noix de coco verte est une vraie boisson rafraichissante. Dans les champs avoisinants, nous croisons exclusivement des femmes. Elles y récoltent les légumes, le poivre noir, le gingembre et les arachides. Elles nous font gouter. Les cacahuètes fraiches me laissent en bouche la saveur des noisettes que l'on cueille chez nous à l'automne.

Nous quittons ces villages pauvres et la loi des contrastes veut que nous visitions dans les moments qui vont suivre l'hôtel le plus luxueux de l'ile de Java : l'Amanjiwo. Les prix y sont exorbitants, astronomiques. Le prix d'une suite avec piscine privée 2600 US$ pour une nuit. Jetez un coup d'œil sur le tarif. On y rencontre beaucoup de Japonais et les people du monde entier. Peu de temps avant notre visite, David Beckham, sa Spice Girl et les enfants y ont séjourné. Helmi, notre guide, est ami avec le maitre d'hôtel. Très grande classe, ce majordome respire le flegme anglais, est habillé d'un sarong couleur locale et nous fait visiter l'hôtel. Il nous photographie dans une "Garden Suite" à 700 US$ la nuit. En fin de parcours, nous déclinons poliment sa proposition de consommer une boisson en terrasse, ne sachant pas combien d’US$ le café et le thé allaient nous être facturés. Dans ce monde-là, "monsieur", on ne compte pas !



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